samedi 5 février 2011

Autodéfense antifascite : quand la droite reprend la rhétorique et les pratiques de l'extrême-droite


Cela fait un moment que les propos xénophobes de la classe politique, les lois racistes et sécuritaires donnent confiance aux groupuscules d’extrême droite. A croire que l’odeur des égouts donne aux rats (comme aiment à se présenter les membres du GUD) l’envie de ressortir le bout de leur nez : en avril dernier, les étudiant-e-s de la Sorbonne et du Panthéon avaient déjà eu la mauvaise expérience de voir débarquer une trentaine de fascistes du Groupe Union Défense qui ont tagué leur université de symboles et slogans nazis. Les étudiant-e-s qui ont cherché à s’interposer ont été violemment agressé-e-s.  A Tolbiac, le jour de la rentrée 2010, les locaux syndicaux, dont celui de la CNT, ont également été tagués de croix de Lorraine, de symboles nazis, de « mort aux gauchistes ». A nouveau, en décembre, après le mouvement social de défense des retraites, les locaux ont été dégradés, des affiches arrachées et brûlées, des menaces de mort taguées sur les murs, mais cette fois accompagnées explicitement d’autocollants du MET.
Le MET, dont les deux chefs affichent leur appartenance à l’UMP, reprend ainsi les pratiques d’intimidation des syndicats dont ont coutume les groupuscules fascistes. Ce rapprochement observé  localement entre droite traditionnelle et extrême-droite correspond à une tendance générale. Depuis un moment, l'UMP penche à droite et se rapproche inexorablement des positions du FN : discours ultra-sécuritaire (comme à Grenoble en juillet), politique anti-immigration, anti-Roms… En décembre, un sondage de France Soir indiquait que 54% des sympathisants UMP approuvaient les propos de Marine Le Pen comparant les musulmans à des occupants. Jean-François Copé, qui dirige l’UMP, réagissait le lendemain en affichant la volonté de reprendre les thématiques du FN, de relancer le débat sur l’identité nationale, etc.  Quelques jours plus tard, l'UMP investissait pour les prochaines élections un ancien cadre du FN à Perpignan.
Face à cette diffusion des thèmes de l’extrême-droite jusque dans le parti qui dirige l’Etat, une réponse à deux niveaux s’impose. D’abord, localement, dans nos universités, une vigilance de terrain pour que les fascistes n’aient plus le sentiment de pouvoir menacer et agresser impunément les militant-e-s syndicalistes et politiques, les étudiant-e-s stigmatisé-e-s par eux comme homosexuel-le-s, étranger-e-s, juifs-ves, etc. Nous ne pouvons tolérer la présence d’individus ou de groupuscules violents, racistes, homophobes… qui menacent de mort nos camarades. Qu’il s’agisse du MET, du GUD, de leurs comparses royalistes ou néonazis, une réaction collective ferme et résolue doit leur montrer qu’ils ne sont pas les bienvenus. Pour ne pas laisser s’installer leurs discours et leurs pratiques, il faut nous organiser localement, en particulier pour être capables de réagir collectivement en cas de descente fasciste.
Ensuite, il faut se donner les moyens de proposer une réponse globale. Nous devons mener une critique sans concession des discours qui répondent aux frustrations sociales en jouant sur la peur de l’autre, les stéréotypes racistes, la surenchère répressive… Jouer sur les fantasmes leur évite de répondre clairement sur le fond : la CNT défend l’idée que la seule réponse aux problèmes sociaux se trouve dans une rupture radicale avec les logiques de domination du capitalisme et de l’Etat, par la réorganisation autogestionnaire de l’éducation, du travail, etc. Pour cela, nous n’attendons pas bras croisés le Grand Soir : dimension locale et perspective globale sont étroitement liées dans la vision que porte la CNT, car la réorganisation libertaire de la société commence maintenant, sur le terrain, par la multiplication des  luttes sociales, dans une perspective révolutionnaire, égalitaire, autogestionnaire. En ce sens,  développer les luttes sociales, c’est lutter contre le fascisme. Autodéfense antifasciste ! Riposte sociale !